“Parmi les chercheurs mondiaux, on compte seulement 2,4 % de scientifiques africains, dont à peine 30 % de femmes.” Aujourd’hui, il n’y a tout simplement pas assez de femmes scientifiques en Afrique, avec de fortes disparités selon les pays.
La Fondation LAFMAAL est une fondation d’excellence à but non lucratif destinée aux jeunes femmes scientifiques talentueuses des pays africains qui poursuivent des doctorats dans des matières liées à STEM (Sciences Naturelles, Technologie, Engineering et Mathématiques). La fondation a été fondée en 2018 à Yamoussoukro, en Afrique de l’Ouest.
Entretien avec Dr. Mariam MUWANGA (Project Leader LAFMAAL Academics) et Dr. Michel A. ALIMAN (Président Fondateur de la fondation LAFMAAL).
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BM : Bonjour Dr. Mariam MUWANGA, bonjour Dr. Michel A. ALIMAN et merci à vous deux de nous accorder cette interview.
Merci de nous avoir invités.
BM : Quand l’initiative LAFMAAL est-elle née ? Quelles en sont les motivations ?
Dr. Muwanga : L’initiative de LAFMAAL est née d’une vision révélée au Président Fondateur de LAFMAAL il y a deux décennies et demie, en 1996. Le travail de la fondation a commencé en 2018 lorsque trois femmes scientifiques STEM d’Afrique ont été admises dans le programme académique de LAFMAAL. La fondation s’engage à créer l’égalité des chances dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche dans les domaines STEM pour les jeunes femmes scientifiques à travers l’Afrique.
BM : Pourquoi avoir choisi la Côte d’Ivoire comme siège de votre fondation ?
Dr. Aliman : La vision est née en Côte d’Ivoire, lorsque ma mère m’a rappelé que j’étais l’unique héritier d’un terrain et d’une île dans la région du Bandama en Côte d’Ivoire.
BM : Il y a-t-il des disciplines dans lesquelles les femmes scientifiques africaines s’illustrent tout particulièrement ?
Dr. Aliman : Dans le domaine de la chimie et de l’agronomie par exemple, de plus en plus d’excellentes femmes sont impliquées dans la recherche. On s’aperçoit peu à peu que les femmes apportent une contribution très précieuse dans ces domaines. Par exemple, la semaine dernière, à la télévision nationale de Côte d’Ivoire, deux des trois prix décernés aux meilleurs présentateurs de recherche ont été attribués à des femmes ; l’une des femmes scientifiques fait partie du groupe d’encadrement de Dr. Muwanga.
BM : Quelle est la portée de la promotion des femmes scientifiques dans les matières STEM en Afrique ?
Dr. Muwanga : Même si nous ne pouvons pas parler pour toutes les autres initiatives en Afrique, notre expérience montre qu’il y a beaucoup à faire de la part des gouvernements et des décideurs politiques pour soutenir et promouvoir les jeunes femmes scientifiques dans l’Enseignement Supérieur.
Dr. Aliman : Exactement, et malheureusement cela va durer un certain temps ; cela montre pour l’instant que l’on ne peut pas compter uniquement sur les institutions étatiques. C’est là que le travail des fondations comme LAFMAAL et des initiatives privées devient particulièrement important.
BM : En termes de relations « sud-sud » entre entreprises, dans quelle(s) mesure(s) êtes-vous prêts à aborder un partenariat avec une autre entreprise ?
Dr. Muwanga : Nous sommes généralement ouverts à la collaboration avec différentes entreprises si leurs objectifs et leur vision s’alignent sur ceux de la fondation LAFMAAL. Par exemple, nous travaillons avec des entreprises africaines et allemandes. En cas d’intérêt, vous pouvez nous contacter via notre page d’accueil : www.lafmaal.com
BM : Quelle(s) recommandation(s) donneriez-vous aux décideurs politiques en Afrique pour que les matières STEM soient davantage valorisées dans le système éducatif africain ?
Dr. Muwanga : De manière générale, je pense que les matières STEM sont considérées comme importantes et précieuses dans les systèmes éducatifs de nombreux pays africains. Toutefois, la promotion de ces matières doit s’accompagner d’investissements matériels tels que la mise à disposition d’infrastructures et de technologies nouvelles et modernes pour la recherche. Deuxièmement, il convient de promouvoir l’égalité des chances pour les femmes dans l’enseignement des STEM. Leur participation dans les domaines STEM est faible, principalement en raison du manque de ressources et de soutien matériel et moral dans le système éducatif.
Dr. Aliman : Je recommanderais également aux décideurs de veiller à ce que les conditions générales d’une coopération optimale entre les universités et les entreprises soient réunies, ce qui contribuera grandement à la promotion des femmes scientifiques.
BM : Pour terminer, quelle est la femme scientifique africaine qui vous inspire le plus ?
Dr. Muwanga : Dr. Wangari Maathai du Kenya ; elle est Lauréate du prix Nobel, elle est une militante sociale, environnementale et politique. Son engagement en faveur de la conservation de l’environnement, par l’intermédiaire de son ONG The Green Belt Movement, ainsi que sa promotion des droits des femmes ont laissé des traces positives non seulement au Kenya mais aussi dans le reste de l’Afrique.
BM : MERCI pour cet échange !
C’était avec plaisir.