Les entrepreneurs de la diaspora : acteurs incontournables du développement de l’Afrique
Rencontre avec Monsieur Marc Mbiateuk Kamdoum, fondateur et PDG d’AfroBridge
BM : Bonjour Monsieur Kamdoum, comment vous présenter ?
Bonjour à la rédaction du Magazine !
Merci de m’accorder cette interview. Je m’appelle Marc Mbiateuk Kamdoum, je suis originaire du Cameroun, et je vis déjà depuis 20 ans en Allemagne. Je suis venu en Allemagne comme étudiant et parallèlement aux études, je travaillais pour une structure américaine qui faisait dans la délivrance de visas, traduction et la légalisation des documents. Je suis diplômé de la chambre de commerce en logistique et management.
BM : Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir entrepreneur ?
Dès l’âge de 7-8 ans, je me déplaçais souvent à travers le Cameroun avec mon père. Il avait une structure dans les domaines de l’importation, vente de poissons fumés et de vins provenant de la Guinée Equatoriale. Il avait aussi une structure dans le domaine du transport. Il transportait la marchandise clientèle. J’ai donc grandi dans le monde du transport. Arrivé en Allemagne, je me suis inscrit dans des études en construction mécanique, avec logistique et management comme filière facultative. Aussi, en tant qu’étudiant, j’ai créé en 2006, à Berlin, la structure MTA (Marco Transport Action) Business qui fonctionnait à 80% avec les étudiants. La structure s’est développée et j’ai décidé de m’orienter précisément vers la logistique. C’est pour cette raison que j’ai quitté l’université et je suis allé faire une formation en logistique et management à la chambre de commerce.
Pourquoi entreprendre en logistique ? Parce que c’était pour moi une idée ou un moyen de pouvoir joindre le monde et profiter d’opportunités via les plateformes que j’ai pu mettre en place : mobilité, échanges internationaux, transport urbain, développement de nouvelles stratégies, digitalisation, etc.
BM : Quelles sont vos activités d’entrepreneur ?
La base de mes activités est la logistique et le management, que ce soit dans la structure de transport MTA Business, CamerLogistics (qui existe depuis 2012), ou Afrobridge (structure de demande de visas, retrait de passeport, légalisation de documents). Le business principal est donc de résoudre les problèmes de ma clientèle en utilisant les données logistiques.
AfroBridge. En partenariat avec DHL, nous récupérons votre passeport auprès de vous. Au niveau de notre structure, nous effectuons toutes les démarches auprès des ambassades pour le service demandé, puis nous vous renvoyons vos documents. Après l’envoi de votre passeport, nous suivons toute la chaîne de transfert (tracking & tracing) développée au sein de notre structure, toujours en partenariat avec DHL. Notre chaîne d’approvisionnement consiste à contrôler qui fait quoi / à quel niveau / quel rendement jusqu’à réception par notre client.
CamerLogistics. Dans le transport international (groupage ou importation), nous avons créé des réseaux de logistique et des partenariats avec certains compatriotes de la diaspora situés un peu partout en Allemagne. Nous travaillons beaucoup avec les boîtes postales Nous organisons également le ramassage de colis et les groupons au niveau d’une structure. Après le groupage, nous les ramenons à la centrale où nous les chargeons dans des conteneurs en forme FCL (forme de groupage). Avec notre système de suivi, nous nous assurons que les conteneurs sont bien réceptionnés dans les pays d’accueil et nous nous y occupons de la distribution des colis.
D’autre part. Nous apportons un soutien logistique aux compatriotes qui veulent se lancer dans ce business ou alors dans la création d’entreprise de droit allemand. Nous les assistons sur les problématiques de documents nécessaires, déclaration d’impôt, assurances, etc.
BM : Les entrepreneurs de la diaspora ont-ils plutôt tendance à investir dans leur pays d’origine ou au contraire à démarrer une activité dans leur pays d’accueil ?
La majorité des entrepreneurs de la diaspora sont d’abord entrepreneurs dans les pays où ils résident. Quand vous créez, au début vous êtes encore amateur. Après 3 ans vous obtenez les données qui vous orientent. C’est un nouveau challenge pour celui qui a quitté son pays d’origine depuis longtemps et rentre y créer une entreprise. Donc plusieurs personnes issues de la diaspora ont d’abord tendance à créer des entreprises dans la diaspora, et après elles vont essayer la même expérience dans leur pays d’origine. Nous avons des collègues, amis et partenaires de la diaspora qui ont déjà ces expériences et avec qui nous fonctionnons afin de créer des coopérations. Tous ceux venant de la diaspora et voulant investir dans leur pays d’origine ont besoin d’orientation car les réalités là-bas ne sont pas les mêmes que dans la diaspora. Chaque pays a sa spécificité et ses habitudes. Il faut faire une étude du pays, connaitre la population, ses habitudes, leurs demandes et besoins à travers lesquels vous pouvez avoir certaines données avant de vous lancer dans l’investissement, l’entreprenariat ou l’économie.
BM : Quels sont les principaux défis à relever par les entrepreneurs de la diaspora qui veulent lancer une affaire dans leurs pays d’origine ?
Très belle question ! Pour lancer un business dans son pays d’origine, il faut aller sur place. Quand on vit longtemps dans la diaspora, on perd certaines facultés ou réalités du pays d’origine. Raison pour laquelle il serait nécessaire d’aller passer un séjour de 2, 3 voire 6 mois sur place afin de faire une étude de faisabilité de tout projet. Si vous voulez investir dans un domaine quelconque dans votre pays d’origine, vous devez connaitre la législation qui régit l’entreprenariat, l’imposition, la localisation, faire une étude de marché et une étude de la population et ses besoins. Avec ces données vous pouvez après décider si vous lancez votre business ou si celui-ci est fiable pour le pays d’origine. L’erreur à ne pas commettre c’est d’aller créer un business et attendre voir si ça marche ou pas.
BM : Quelles recommandations adresseriez-vous aux membres de la diaspora qui souhaitent investir dans leur pays d’origine ?
En tant que camerounais d’origine et avec toutes les expériences que j’ai à mon actif, je pense que nous avons une population jeune. Le Cameroun a beaucoup d’ouvertures, il a besoin de nouvelles technologies. Il faudrait se rendre sur place pour s’en rendre compte. Le besoin est énorme et la jeunesse est ouverte au monde. Aujourd’hui, quand nous parlons de mondialisation ou de globalisation, ça veut dire ceci : quand un iPhone 5, 6, 7 ou 10 est sur le marché aux États-Unis, à l’instant T, on a cette information au Cameroun ou en Afrique. Les informations venant par exemple de New York sont répandues sur le territoire camerounais en une fraction de secondes. Puisque nous n’avons pas ces technologies sur place et que c’est la diaspora qui a l’œil sur le monde entier en ce qui concerne le transfert de technologies, connaissant aussi ce dont notre pays d’origine a besoin, toute initiative pour le développement de notre part serait toujours la bienvenue, non seulement pas pour l’état, mais aussi pour nous en tant que maillons de l’économie ou comme acteurs de développement. C’est la diaspora qui portera le destin de nos pays en voie de développement. Donc chacun doit jouer son rôle, quel que soit le domaine dans lequel il se trouve. Le besoin de nouvelles technologies dans nos pays dits en voie de développement est énorme. Raison pour laquelle ceux qui font dans les énergies renouvelables, la logistique appliquée, dans l’alimentation et production des produits alimentaires, les prestations de service, la digitalisation et l’informatique doivent savoir que ce sont des secteurs porteurs dont nos pays ont besoin afin d’être à la hauteur d’autres pays dans le monde. A l’heure actuelle, le Cameroun est un pays ouvert à tous les secteurs.
Merci pour l’interview, ça été pour moi un plaisir de répondre à vos questions.
Bonne chance à votre Magazine !
Je suis très flatté pas cette conversation ça m’intéresse beaucoup
Nous sommes aussi très flattés par ton commentaire, merci !!!