Les entrepreneurs de la diaspora : acteurs incontournables du développement de l’Afrique
Rencontre avec Monsieur Fode Youssouf Minthe, Directeur général, Yandalux Solar GmbH
BM : Bonjour Monsieur Minthe et merci de nous accorder cette interview.
C’est moi qui suis honoré que vous me donniez l’opportunité de m’exprimer !
BM : Vous dirigez l’entreprise Yandalux à Hambourg en Allemagne, quel est votre parcours ?
Après mon diplôme d’ingénieur électricien, j’ai d’abord été salarié dans des entreprises. Mais, c’est en 2004, pendant que j’étais en poste au sein du groupe Suntechnics GmbH/ Conergy, que mon épouse et moi avons décidé de créer Yandalux. Initialement pour œuvrer sur le marché solaire européen, mais nous avons vite et tout naturellement installé notre navire-amiral à Bamako, sous le nom d’Ave Lux en 2005, rebaptisé YANDALUX Sarl Mali en 2012. Aujourd’hui, nous sommes représentés dans plusieurs pays africains et européens et employons 120 personnes (dont 9 en Allemagne)
BM : Quelle est l’activité principale de votre entreprise ?
La conception et la réalisation de programmes d’électrification solaire villageoise ou de centrales photovoltaïques avec backup en soutien du réseau connecté sont le quotidien d’une équipe d’ingénieurs et cadres dynamiques, qui sait également concevoir et aménager des systèmes de pompage solaire ou non, d’éclairage public ou d’autres projets d’électrification et de construction.
Nous œuvrons principalement en Afrique, dans les pays de la CEDEAO, dans le cadre du Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain (EEEOA).
BM : Selon vous, que doivent faire les dirigeants pour développer davantage le secteur des énergies renouvelables en Afrique ?
Au sein de Yandalux, nous restons persuadés que pour développer ce secteur, il faudrait que davantage de dirigeants aient l’audace d’une politique de déploiement plus incitative et plus ciblée à l’encontre des investisseurs privés car c’est par celle-ci que l’Afrique a les meilleures cartes à jouer pour la croissance et la création d’emploi. Dans le domaine agricole, l’agrivoltaïque, ou partage solaire, combinant l’utilisation des terres agricoles avec la production d’énergie solaire et l’exonération totale de l’impôt sur les sociétés durant les premières années d’activités sont de nouvelles pistes à absolument exploiter.
BM : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre du transfert de technologies et/ou de compétences entre l’Allemagne et les pays africains ?
En termes technologiques, la perception de l’Allemagne au sein des pays africains est plutôt positive. Le « made in Germany » est toujours un réel gage de sérieux. Cependant, n’oublions pas que la Chine est l’un des premiers partenaires commerciaux de l’Afrique. Rappelons que près de 15% de la production industrielle africaine est générée par les entreprises chinoises. La lutte dans le cadre du transfert de technologies est donc plutôt inégale, d’autant plus que les Etats-Unis sont également sur les rangs, même si la pression s’est quelque peu relâchée durant les années Trump. Par ailleurs, historiquement, la France est également très présente dans plus d’un dossier, souvent sub-saharien, ne fusse qu’au niveau de la langue. Heureusement, à Hambourg, nous avons une équipe multiculturelle et quasi toute francophone, qui palie à cet aspect.
Nous travaillons d’ailleurs au montage d’un centre de formation intitulé « Institut Universitaire Des Technologies De Reference [IUTR] » pour être encore au plus près de notre clientèle.
BM : Quelles seraient selon vous les solutions pour le développement de l’Afrique ?
Je ne vais pas dire grand-chose de révolutionnaire en matière de développement mais j’adhère foncièrement à ce que les experts en la matière prônent pour l’Afrique de demain. Comme beaucoup, je pense que les grandes lignes passent immanquablement par l’accompagnement de la jeunesse africaine pour qu’elle soit « la génération du changement ». Un autre axe de développement tout aussi important est le renforcement de la place de la femme dans la société africaine. Il est urgent que le continent accepte de faire pleinement usage des compétences et des talents de tous ses citoyens, en particulier de ses femmes. Ne pas prendre en compte leur immense potentiel et source de croissance économique, c’est se tirer une balle dans le pied.
BM : Nous arrivons à la fin de cet interview… Quel est votre mot de la fin ?
En tant qu’entrepreneurs de la diaspora, nous sommes tous un maillon important des relations entre nos deux continents. Les opportunités sont nombreuses dans l’agroalimentaire comme dans le secteur de l’énergie et dans bien d’autres. Il ne tient qu’à nous d’agrandir le cercle des porteurs de projets, des personnes déjà en activité ou des personnes qui travaillent déjà avec l’Afrique afin de faire aboutir des projets à impact, notamment dans le domaine de la création d’emploi et de la création de richesse au sein de la population.
Pour le dire autrement, faisons nôtre le proverbe africain qui dit : « Si tu veux aller vite, vas-y seul mais si tu veux aller loin, alors il faut y aller ensemble »
Retrouvez l’entreprise en ligne : Site web